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En 1959, un jeune compositeur jusqu’alors totalement inconnu participe au « Concours des jeunes compositeurs polonais » à Varsovie sous trois pseudonymes, trois manuscrits différents et trois styles musicaux différents. Lors de la remise des prix pour les partitions présentées anonymement, il s’avère que le lauréat des premier, deuxième et troisième prix est l’assistant de vingt-huit ans du département de composition du conservatoire de Cracovie : Krzysztof Penderecki.
Une sensation dans le monde de la musique – d’un seul coup, le jeune homme devient célèbre. Immédiatement, ses œuvres sont jouées dans toute l’Europe. Jusqu’à aujourd’hui. Aucun musicien du XXe siècle ne fait une telle carrière, et surtout pas à cette vitesse ! Des débuts qui sont typiques de Penderecki. Toute sa vie, il expérimentera tous les genres musicaux, ne se soumettant à aucune convention. Avec une créativité aussi surprenante que complexe. Un artiste et un homme qui ne cesse de repousser les limites et de se réinventer. Salué comme le talent du siècle, aimé du public, souvent amèrement raillé par la critique musicale.
Le 23 novembre 2013, le compositeur et chef d’orchestre polonais fêtera ses 80 ans. Et même ceux qui n’ont jamais entendu son nom connaissent sa musique. Les bandes originales de films comme The Shining de Stanley Kubrick, Shutter Island de Martin Scorsese, Wild At Heart de David Lynch ou Katyn d’Andrzej Wajda – c’est tout Penderecki. Un musicien qui compte parmi les personnalités exceptionnelles de l’histoire contemporaine ; l’un des derniers représentants de la grande forme, qui travaille comme les compositeurs du XIXe siècle, qui devaient pouvoir tout faire : symphonies, opéras, oratorios, concertos, musique de chambre.
Presque toutes ses œuvres sont liées à l’histoire contemporaine : la pièce Threnos, écrite en 1960, est dédiée aux victimes de la bombe atomique d’Hiroshima ; avec le Requiem polonais, il prend position pour le syndicat Solidarnosc en 1980. Après la mort du Pape Jean-Paul II, avec lequel il a joué au théâtre à Cracovie, il écrit le Te Deum. En 1997, il compose Seven Gates of Jerusalem à l’occasion du 3.000e anniversaire de la ville ; le concerto pour piano Resurrection est sa réaction au 11 septembre 2001 – et l’un des rares compositeurs contemporains dont les œuvres sont régulièrement jouées dans toutes les salles de concert
.
Penderecki est également le compositeur d’un immense parc naturel : depuis plus de 40 ans, cet arboriculteur averti collecte partout dans le monde des graines et des boutures pour plus de 1.700 arbres d’espèces très diverses. Il est passionné par les sons et les arbres.
Les chemins du labyrinthe n’est pas un film biographique. Il s’agit plutôt d’une approche cinématographique des différentes passions d’un homme : la musique, la botanique, la philosophie, la famille. Un portrait personnel, intime et divertissant qui donne un aperçu exceptionnel de l’univers d’un homme qui, depuis des décennies, jette des ponts entre l’Est et l’Ouest, entre la tradition et la modernité, grâce à son engagement musical et social. La caméra nous emmène en voyage à travers une année de la vie du musicien, l’année
avant le grand anniversaire. Elle suit Penderecki de Cracovie à Leipzig, en passant par Munich et Vienne, et se rend régulièrement dans sa propriété de Luslawice. Le compositeur revient sur le début surprenant de sa carrière, sur les tournures inattendues de sa vie et sur ses idées de génie. Nous rencontrons les artistes avec lesquels il est étroitement lié et donnons la parole à ses amis et aux membres de sa famille. Des pensées, des conversations, des extraits de musique et de films, des rencontres et la nature se combinent pour former un portrait passionnant et complexe.
Il en résulte un film poétique qui combine des structures de feuilles, d’arbres et de labyrinthes avec des sons des partitions magiques de Penderecki, avec des extraits de films portés par ses compositions. Mais surtout, le film permet de découvrir en profondeur une personnalité remarquable. Nous découvrons un musicien qui parle ouvertement de ses passions et que nous accompagnons dans sa vie et son travail quotidiens. La caméra observe Penderecki dans tous ses processus créatifs : lorsqu’il compose, lorsqu’il plante des arbres, lorsqu’il se rend au travail, etc.
une nouvelle œuvre est créée et montrent comment le compositeur participe aux préparatifs de sa première sur scène dans des salles de concert célèbres. Pour ce faire, nous choisissons des événements particuliers au cours de cette année. Nous accompagnons la création du double concerto pour les solistes Janine Jansen et Julian Rachlin le 22 octobre 2012 à Vienne, au Musikverein, par l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise sous la direction de Mariss Jansons. Nous serons présents lors de la création d’une cantate pour le Thomanerchor le jour de l’Épiphanie en janvier 2013 à l’église Thomas de Leipzig, qui couronnera la fin de l’année de la fête des Thomaner.
Nous combinons des images musicales avec des images du parc de Penderecki à différentes saisons – musique et nature, côte à côte, comme des parallèles. Nous observons Penderecki en train de planter de jeunes arbres, de se promener ensemble sur la plage, de jouer de la musique avec sa petite-fille. Le spectateur est au plus près de Penderecki et découvre sa musique, y compris à travers le regard des autres. Son énergie est le courant sur lequel le film se déplace et qui le porte.
